Bonsoir à tous !
Je m’appelle Christine Donzé et je travaille au rencar depuis février 2017.
Assistante sociale de formation j’ai travaillé pendant 17 ans à Caritas Jura en tant que responsable du secteur « Accompagnements et deuils ». Lorsque j’ai pris une retraite anticipée fin septembre 2016, Jean-Charles Mouttet m’a contactée pour collaborer au rencar.
C’est avec enthousiasme et motivation que j’ai rejoint cette équipe car cela me donnait l’occasion de continuer à faire ce que je faisais à Caritas Jura, c’est-à-dire côtoyer et accompagner l’humain dans les aléas de la vie, dans ce que l’humain a de plus riche, noble, différent, difficile, surprenant, touchant, attachant.
Le témoignage que je fais ce soir a pour objectif de donner un visage et une expérience, parmi tous les autres, à l’Eglise que nous constituons tous ensemble.
Depuis son lancement en mars 2012 j’avais suivi ce projet du rencar et j’avais été séduite par ce concept d’Eglise hors des murs. Concept qui propose donc un espace d’écoute et d’accompagnement, dans un camping- car, tantôt sur des espaces publics tantôt en lien avec différentes institutions.
Après presque 3 ans de collaboration à ce service d’Eglise, je suis reconnaissante de ce que je peux y vivre et je suis enrichie des magnifiques rencontres que j’y ai faites. Ce sont précisément ces rencontres humaines qui me font avancer et avoir foi en la Vie.
Etre au cœur de ces échanges dans la vérité, approcher l’autre dans l’intimité de ces moments partagés, recevoir la confiance de la parole dite touche au domaine du sacré. Au rencar, il y a des sourires, des larmes, des rires, de la colère racontée, des peurs exprimées, de la connivence parfois. Tout cela me fait ressentir la condition humaine dans la solidarité et appellent à une dimension plus large, plus grande que nous-mêmes.
Même si parfois travailler dans ce registre est émotionnellement lourd, j’en mesure aussi toute la préciosité. Je me sens proche de l’humain, donc proche de Dieu, dans la dimension spirituelle des accompagnements d’hommes et de femmes en marche, en quête de justice, de vérité et de paix.
Je réalise combien la vie peut être difficile pour des personnes confrontées à la maladie, au deuil, au chômage, au divorce, aux soucis avec des enfants-adolescents qui tombent dans des addictions ou avec des parents vieillissants ou malades. Difficile aussi pour des personnes accablées de problèmes financiers, pour celles qui souffrent de solitude ayant perdu les liens avec leurs familles, pour celles confrontées à des handicaps physiques ou psychiques tellement lourds que parfois le suicide semble être la solution pour en finir.
Au rencar, j’ai la chance de côtoyer la vie dans tout ce qu’elle peut apporter d’embûches sur le chemin et je peux aussi mesurer combien les personnes ont des ressources pour faire face à ce qu’elles vivent. Mettre l’accent sur leurs ressources, leur témoigner de la confiance, renforcer leur estime d’elles-mêmes, les aider à identifier leurs réussites sont souvent des outils qui renforcent le pouvoir d’agir des personnes et les aident à se sentir capables de faire face aux situations qu’elles traversent ou au moins momentanément à mieux les supporter.
Bien sûr, si une situation le nécessite nous orientons les personnes vers des services spécialisés, notamment lorsque nous sentons qu’un suivi de plus long terme est souhaitable.
Au rencar, j’aime que je ne sache pas qui viendra, pour partager quoi et de quoi sera faite notre rencontre. Je suis simplement là, disponible, prête à écouter qui voudra se confier.
Mais ce que je sais, après le passage d’une personne, c’est que je suis dépositaire d’une tranche de sa vie, que la personne m’a fait suffisamment confiance pour partager sa réalité et ses soucis et, qu’en retour, je pense lui avoir offert une écoute attentive, respectueuse et non jugeante.
Au rencar j’aime que tout un chacun-e puisse venir librement, sans rendez-vous et gratuitement, une fois seulement ou pour un accompagnement plus long, assuré d’un cadre de confidentialité et rassuré d’y trouver des professionnels et des bénévoles formés à l’écoute centrée sur la personne. Cela ne veut pas dire que les personnes viennent facilement au rencar. J’en ai rencontré qui m’ont confié avoir hésité plusieurs mois avant de franchir la porte du camping car pour se soulager de leur vécu tourmenté. La peur du « qu’en dira-t-on » si on me voit entrer dans ce camping car peut retenir aussi certaines personnes. D’autres au contraire y viennent spontanément, sans l’avoir programmé, profitant de la présence du bus et sachant y trouver un accueil chaleureux.
Au rencar j’aime la diversité des situations qui se présentent, j’aime l’espace confiné qui favorise l‘intimité, j’aime l’incertitude de ce qui s’y passera ce jour-là, dans ce lieu-là.
Parfois, ce sont des rencontres plus « banales » où la personne vient tout simplement dire bonjour et boire un café et c’est aussi bon de partager ces moments-là d’humanité.
Je ne me sens pas seule au rencar, je m’y sens accompagnée par cet Autre plus grand et plus aimant.
Bref, le rencar c’est une magnifique aventure dans laquelle les valeurs d’amitié, de solidarité, d’écoute, de respect et d’empathie face aux diverses trajectoires de vie me rendent humble, impuissante parfois et, en tous les cas, enrichie de partager ainsi la Vie avec un grand V.
Le rencar me nourrit humainement et spirituellement et mon engagement dans ce projet donne du sens à ma vie.
Merci donc à Jean-Charles d’avoir imaginé le rencar et merci à vous tous pour votre écoute !