Le rencar

Premier anniversaire du rencar

L’espace de rencontre et d’accueil mobile a fait ses preuves

Jean-Charles Mouttet et Isabelle Wermelinger Jean-Charles Mouttet et Isabelle Wermelinger

Le rencar, cet espace de rencontre et d’écoute aménagé dans un camping-car stationné six jours sur sept devant des hôpitaux, des prisons ou dans des espaces publics du Jura et du Jura bernois, fête son premier anniversaire : une année de lancement qui démontre – statistiques à l’appui – que ce concept répond à un véritable besoin. Une messe d’action de grâce sera célébrée, le dimanche 3 mars à Porrentruy, pour marquer cet anniversaire.

« On ne pouvait pas imaginer que l’on pourrait engendrer une telle dynamique d’accompagnement. Quoi qu’il en soit, maintenant on est convaincu de l’utilité de ce lieu d’accueil mobile. Il a trouvé sa place ! » Tout sourire, Jean-Charles Mouttet ­– responsable du SAPPAS, le Service d’Aumônerie Prisons Psychiatrie Addictions Sida du Jura pastoral – conjugue avec une modestie déconcertante le « succès » de ce concept (inédit en Suisse romande) qu’il a initié et porté à bout de bras. « On a vu du lourd ici. On a été confronté à des situations vraiment difficiles, des personnes qui vivent des galères terribles… elles viennent s’asseoir dans ce camping-car pour en parler, se confier, partager... en toute confidentialité. Etre écouté apporte du réconfort. C’est notre mission ! Et bien sûr, la gratuité de ce service est un atout. » Pour ne citer que quelques chiffres enregistrés fin janvier, le rencar a été le cadre de 859 rencontres, à raison de plus de vingt heures d’accueil par semaine (moyenne) sur dix emplacements différents et le camping-car affiche déjà 14’500km au compteur.

Un an déjà

Pour marquer le premier anniversaire du rencar, plusieurs manifestations sont organisées, notamment pour remercier les différents partenaires de ce concept.

Le public est aussi invité à fêter l’événement, le dimanche 3 mars, à 10h, en l’église Saint-Pierre de Porrentruy où une messe d’action de grâce sera célébrée spécialement pour marquer cet anniversaire. A noter que la célébration sera suivie d’un apéritif offert par l’Unité pastorale des Sources.

Phase charnière de la vie

« La période entre 40 et 60 ans est parfois pénible à vivre : des problèmes familiaux ou professionnels peuvent survenir. C’est aussi l’époque durant laquelle on perd ses parents ou des proches. » Selon Jean-Charles Mouttet, face à ce type de problématique, les hommes sortent et tentent de surmonter les difficultés en s’entourant de copains, alors que les femmes vont chercher de l’aide : « Les personnes qui frappent à la porte du rencar sont en majorité des mères de famille en détresse qui subissent une fracture familiale ou des problèmes financiers. »

Trouver des pistes

Si les animateurs du rencar restent à l’écoute des exclus, des malades et des plus démunis, ils n’interviennent pas en dehors de l’habitacle du camping-car et ne prêtent pas d’argent : « Le rencar est avant tout un lieu de confidences, de confessions aussi. Notre charte exige la plus grande discrétion vis-à-vis de ceux et celles qui viennent nous voir et le secret le plus absolu sur ce que nous entendons. A travers l’écoute, nous pouvons conseiller les personnes en difficulté, les diriger ou les aider à faire les démarches auprès d’un partenaire social susceptible de les aider concrètement. »

Un espace neutre

Ordonné diacre en septembre 2011, à Vicques, Jean-Charles Mouttet insiste sur le fait que le prosélytisme religieux n’a pas sa place dans le rencar : « on ne va pas dans les institutions ou dans des espaces publics pour faire de l’évangélisation. On n’est pas là pour vendre des chapelets même si, il faut bien reconnaître, on prie beaucoup dans ce véhicule. »

Un rencar ouvert à tous !

Cela fait bientôt dix ans que l’animateur du rencar est engagé au SAPPAS, qu’il visite les marginalisés dans les institutions psychiatriques ou carcérales du Jura et du Jura bernois : « Si la dépendance, la privation de liberté et les maladies psychiques et mentales sont des réalités de vie qui sont «enfermantes», «stigmatisantes» ou «marginalisantes» il faut aussi tenir compte de la problématique qui touche les proches concernés par ces formes de marginalisation et à qui le rencar a aussi un soutien à offrir.»

Des pros et des bénévoles

Pour mener à bien la mission du rencar, Jean-Charles Mouttet peut compter sur l’appui de trois accompagnantes professionnelles. Il s’agit d’Isabelle Wermelinger (aumônier), de Michelle Schaller (aumônier) et de Sœur Ancilla Anderrüthi. De plus, Christiane Kolzer (aumônier à l'H-Ju), Noël Pedreira et Agnès Chavanne Angiolini prêtent également renfort aux professionnels du rencar. De plus, une dizaine de chauffeurs bénévoles et une quinzaine d'accueillants bénévoles se sont aussi engagées pour mener à bien la mission du rencar. Faisant allusion à la gestion de « son » personnel, Jean-Charles Mouttet ajoute avec humour : « On est une petite paroisse à nous tout seul ! »

Tout sur la toile

Chaque semaine, le rencar stationne devant l’hôpital psychiatrique de Bellelay (lundi après-midi et mardi matin) ; aux abords des prisons de Moutier (mardi après-midi), de Porrentruy (samedi matin) ; devant l’Unité hospitalière médico-psychologique – UHMP – à Delémont (jeudi matin) ; ou devant le TransAT à Porrentruy et Delémont (en alternance). Il est également présent dans des espaces publics, notamment à Moutier, Reconvilier, ou devant la gare de Delémont (le mercredi après-midi). Les lieux précis et les horaires détaillés sont disponibles sur www.rencar.ch, où une multitude de documents (textes, statistiques, photos, vidéos) sont à disposition pour tout savoir sur ce que le rencar cherche à offrir, non seulement aux personnes qui désirent un soutien ou un accompagnement, mais aussi pour celles et ceux, ainsi que les communautés, qui veulent manifester une forme de solidarité aux personnes accompagnées par l’équipe du rencar.

Pascal Tissier (SIC)

 

Un succès, malheureusement

Je suis satisfait de voir, après une année d’existence, que le rencar rempli parfaitement la mission pour laquelle il a été créé. C’est un succès, malheureusement ! Car si la fréquentation de cet espace d’accueil dépasse ce qui était prévu, c’est que les besoins d’écoute, d’accompagnement et de soutien dépassent ce que l’on imaginait. Malgré les techniques de communication, l’isolement ne fait que grandir. D’un autre côté, le fonctionnement du rencar pendant la première année a seulement nécessité quelques petites adaptations : signe que l’analyse de la situation avait été bien faite et que le projet repose sur un concept solide. Merci à Jean-Charles Mouttet et Isabelle Wermelinger ainsi qu’à tous les bénévoles qui font vivre le rencar. Je leur souhaite bonne route, tout en rêvant du jour où cet espace mobile de rencontre et d’accueil ne sera plus nécessaire.

Abbé Jean Jacques Theurillat, Vicaire épiscopal

 

Témoignage

Milieu d’après-midi dans la grisaille de novembre, à la gare à Delémont. Alors que je m’attends à un après-midi calme, quelqu’un frappe à la porte. Un homme entre, et je fais connaissance de Bernard*, qui a entendu parler du rencar. Il s’assied à la table de « la cuisine » et je lui offre un café. Le besoin de parler d’une situation difficile vécue avec un proche l’amène au rencar. Il me dit ce qu’il vit et comment il le vit. Et j’accueille ce qu’il me dit, sans jugement et de manière inconditionnelle.
Alors que l’entretien se termine, une femme frappe à la porte. Josiane*, qui est déjà venue au rencar, entre. Bernard se lève, mais Josiane donne quelques nouvelles de sa situation alors qu’il est encore là. Et  je vois ces deux personnes, venues ici pour être écoutées, s’écouter mutuellement et partager leur expérience. C’est un beau moment de solidarité et je peux être témoin : la souffrance créé des liens qui permettent quelquefois de relever la tête et, par l’entraide vécue, de se sentir à nouveau digne, digne d’aimer et d’être aimé-e, et redevenir pleinement humain par le regard de l’autre…

Isabelle Wermelinger

*prénoms fictifs

Le rencar a fêté son 1er anniversaire

Au soir du vendredi 1er mars, une trentaine de personnes ont participé au premier anniversaire du rencar au Centre Saint-Maurice à Glovelier, où un apéritif leur a été servi : un beau moment de convivialité entre personnes d'horizons très divers.

Le samedi 2 mars, à Fontenais, et le dimanche 3 mars, à Porrentruy, l’Equipe pastorale des Sources a invité les responsables du rencar à livrer leur témoignage lors des messes célébrées à l'occasion du dimanche des malades. Trois belles célébrations au cours desquelles 300 à 400 personnes ont pu (re)découvrir le concept de ce lieu d’écoute itinérant aménagé dans un camping-car à travers des évocations, parfois bouleversantes, des animateurs.

Vous pouvez retrouver l'homélie-témoignage partagée à cette occasion.

 

Vidéo 1er anniversaire

Agenda - horaires

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